Dominique Brun à l'Abbaye de Maubuisson
Chorégraphe, danseuse, pédagogue et notatrice en système Laban, Dominique Brun danse dès les années 1980 auprès Jean Gaudin, Daniel Larrieu, José Caseneuve, Michèle Ettori, et encore aujourd’hui avec Sylvain Prunenec.
Elle s’attache à la redécouverte de notre patrimoine chorégraphique, non pas d’un point de vue muséal, mais en suscitant la mise en relation entre les archives disponibles et les interprètes d’aujourd’hui. Elle favorise l’utilisation de la kinétographie Laban (un système de notation pour la danse), mais aussi de nombreuses sources et archives (photographies et films d’époque, textes littéraires, croquis, notes, etc.) qui permettent d’appréhender et de redonner vie à des écritures passées, souvent oubliées.
C’est dans le cadre du partenariat avec l’Abbaye de Maubuisson et la mission danse et jardin du département du Val d’Oise que Dominique Brun propose dans le parc de l’Abbaye un moment de danse en quatre temps : une performance improvisée de quatre danseuses avec L’Après-midi d’un faune (1912), un duo Du Ravissement…(1994), un solo De si loin (2019) sous pulsations et une adaptation de la Danse sacrale du Sacre du Printemps (1913), fervent appel à la vie d’une jeune femme.
La chorégraphe nous propose ainsi un parcours entre tradition et interprétation, entre traces écrites et inventions chorégraphiques !
> Réservations obligatoires au 01 34 33 85 00 <
Deux horaires : 14h30 & 17h
PROGRAMME
L’Après-midi d’un faune (1912)
d’après la chorégraphie de Vaslav Nijinski
Performance improvisée autour de la figure de la Nymphe qui rassemble 4 danseuses et un musicien
Avec Clarisse Chanel, Marie Orts, Maud Pizon, Julie Salgues et à la clarinette Samuel Buron-Mousseau
Durée : 10 min
L’Après-midi d’un faune de Nijinski s’inspire du poème du même nom de Stéphane Mallarmé (1876) et de la musique de Claude Debussy (1894).
Pour le chorégraphe qu’est Nijinski, L’Après-midi d’un faune n’est pas un divertissement mais une sorte de « manifeste dansé » dans lequel on peut lire au moins deux refus : celui de la virtuosité et celui de la légèreté. À la différence du ballet académique (appelé aussi ballet classique) Nijinski n’essaie plus dans ses chorégraphies de mettre en jeu un corps qui tente d’échapper à la loi de la pesanteur. Il délaisse les bonds prodigieux et les tentatives virtuoses – qui font de lui le danseur étoile des Ballets russes – pour revenir à la simple marche, celle que nous pratiquons tous, tous les jours.
Ce qui est proposée pour le parc de l’Abbaye de Maubuisson est une improvisation de quatre danseuses qui s’inspirent des danses des Nymphes que convoite le Faune. Cette performance est accompagnée par le clarinettiste Samuel Buron-Mousseau qui jouera le prélude de Debussy dans une version pour clarinette solo.
Du Ravissement… (1994)
Chorégraphie Dominique Brun
sous la forme d’un duo Clarisse Chanel et Marie Orts
Durée : 8 min
Du ravissement… est conçu en 1994 par la chorégraphe comme un solo pour elle-même. Cette danse s’inspire d’une autre danse écrite par Doris Humphrey en 1931 qui s’intitule Two Ecstatic Themes.
Du ravissement est une sorte de pierre angulaire du travail d’écriture de Dominique Brun, une danse fondatrice de sa démarche artistique actuelle qui consiste à réécrire et réinterpréter des danses disparues. En 2017, Marie Orts propose à Dominique Brun de déchiffrer Du ravissement… grâce à une partition de danse établie par Simon Hecquet (lors des répétitions de 1994). Clarisse Chanel rejoint Marie Orts et les deux danseuses cheminent ensemble vers Du ravissement…, entre partition et images filmiques, sans la présence ni l’aide de sa chorégraphe. Enfin, Dominique Brun voit Du Ravissement… interprété par les deux danseuses. Il se produit alors une expérience inédite pour elle, Marie Orts et Clarisse Chanel réincarnent, avec éclat et puissance, cette danse qu’elle n’avait pas revue depuis quinze ans.
De si loin (2019)
Chorégraphie Dominique Brun et Julie Salgues
Avec la musique enregistrée Lontano de Ligeti
Sous la forme d’un solo de Julie Salgues
Durée : 12 min
Ce solo réactive la mémoire vive des différentes danses que la chorégraphe et la danseuse ont partagé au cours des nombreux projets qui les ont réunies.
Parallèlement dans de si loin, Dominique Brun invite Julie Salgues à compter son pouls jusqu’à 60 puis à compter ainsi tout au long de la danse. La main droite de la danseuse capte les battements de son pouls à son poignet et sa voix les énumère. Le rythme de ce dénombrement varie avec les accélérations du pouls de la danseuse, en écho aux intensités des efforts de sa danse. Les chiffres sonnent, résonnent avec des situations imaginaires ou bien réelles.
Ce solo se déroule sur Lontano, œuvre orchestrale composée par György Ligeti en 1967. La musique se donne comme une nappe sonore dont la texture lisse et envoûtante enveloppe la danseuse. À contrario, la scansion des nombres comptés, vient comme strier, griffer la continuité musicale. Finalement un silence se fait dans la musique qui laisse place à une forme d’abandon intime et singulier où la danseuse se fait alors interprète d’elle-même.
Danse sacrale du Sacre du Printemps (1913)
D’après la chorégraphie de Vaslav Nijinski, recréation et adaptation de Dominique Brun (Sacre # 2 en 2014)
Sous la forme d’un duo Maud Pizon et Dominique Brun
Durée : 8 min
La « Danse sacrale » qu’on appelle aussi « solo de l’élue » appartient au Sacre du printemps. Vaslav Nijinski compose cette œuvre un an seulement après L’Après-midi d’un faune. Le Sacre du Printemps raconte l’histoire d’une communauté russe (d’un autre temps) qui sacrifie l’une des siens au dieu du printemps pour que la terre redevienne féconde. Le solo de l’élue est l’ultime moment du Sacre, celui d’un sacrifice humain.
Cette danse est le cri révolté de cette jeune femme qui donne sa vitalité à la communauté qui la lui prend pour survivre. C’est aussi un appel à la vie lancé contre la noirceur de la mort qui va étreindre l’élue. Les gestes qui composent ce solo font l’objet d’une réinvention qui s’appuie sur des documents qui témoignent de la danse du Sacre de 1913, notamment des dessins de Valentine Hugo et un article de presse de Jacques Rivière. La danse de ce solo a été écrit avec et pour Julie Salgues. C’est à Maud Pizon de s’en saisir aujourd’hui sous le joug impérieux de la musique de Stravinsky, comptée à haute voix par Dominique Brun.
Production : Les porteurs d’ombre
L’association Les porteurs d’ombre est soutenue par Le Ministère de la Culture/DRAC Île-de-France au titre de la compagnie conventionnée et par la Région Île-de-France au titre de l’Aide à la création et de la Permanence Artistique et Culturelle.